
J'étais dans le train qui m'amenait à Poudlard. Mon front était appuyé contre la fenêtre glacée et je pensais. Je pensais à tout. À mes parents, à mes amis. Harry était en formation pour devenir Auror. Ginny était restée auprès de Harry. Et quant à Ron, il tenait la boutique de farces et attrapes avec George. Il m'avaient délaissée - plus précisément, je les avais délaissés. J'avais décidé de passer ma Septième année - que j'avais ratée. Et c'est vers Poudlard que je m'exilais à présent. Poudlard est une école de sorcellerie, il y pleut souvent. Il n'y a rien autour de l'école. Rien, excepté des vastes plaines et pelouses, une immense forêt interdite dont les arbres dégoulinants de mousse suintent et rappelle qu'il ne manque pas de verdure à Poudlard. Bref, un genre de bled, où le meilleur passe-temps le plus intéressant à ma disposition est d'étudier et de lire. Les salles du château sont bien plus chaleureuses qu'il n'y paraît à l'extérieur, puisque l'apparence de l'école vu de dehors se révèle assez hostile. Une fois arrivée à destination, je sortis du train en ne faisant que regarder mes pieds pour éviter de regarder le visage des autres élèves mais aussi - et surtout - pour ne pas qu'ils remarquent ma présence. Je n'avais pas envie qu'ils découvrent que j'avais décidée de passer ma Septième année. Je continuais de marcher vers les diligences, en essayant coûte que coûte de ne pas croiser les regards des autres élèves. Je marchais le plus vite possible, sans regarder devant moi - chose dangereuse, étant donné que je suis maladroite - et tout à coup je me cogna contre quelqu'un. Je reluqua cette personne des pieds à la tête, et surprise ! C'était Malefoy !
- Bonjour Granger ! dit-il d'un ton méprisant, tu pourrais au moins regarder où tu marches !
- Désolée, dis-je en baissant les yeux, qu'est-ce que tu fiches ici ? Je croyais que j'étais la seule à passer ma Septième année.
- Moi aussi je croyais ! dit-il en ne baissant aucunement d'un ton, le monde est petit Granger !
- Qu'est que tu fiches ici ? répétais-je, en faisant mine de ne pas avoir entendu ses propos.
- Je suis ici pour passer ma Septième année, comme toi, quoi ! rétorqua t-il.
Son ton insolant me tapait sur le système.
- Tu pourrais arrêter de crier ? m'enquit-je. Ce serait trop te demander ça ?
Son visage se figea, comme de marbre. Je soupira.
- Et toi, pourquoi es-tu là ? demanda t-il.
Son ton avait changé, il était plus calme. Mais son visage était resté le même : c'est-à-dire autoritaire, fier, avec un air vaguement agacé.
- Tu l'as deviné, répondis-je.
- D'accord...
Il partit rejoindre une autre diligence. Je montai dans celle qui se trouvait en face de moi, tout en le regardant s'éloigner.
Dans la soirée, je ne parlai à personne. Ni pendant le dîner - dans lequel je ne mangea quasiment rien - et ni pendant la soirée qui suivit le festin.
Une fois au lit, au lieu de dormir, je pleurai. Je pleurai parce que je pensais à tout : à mes parents qui me manquaient, à mes amis qui me manquaient, tout me manquait. J'étais seule ici. Je n'avais pas d'amis parce que je n'étais pas sociable. Qui pourrait vouloir d'une fille comme moi ? Une fille qui passe son temps à lire et à étudier. Je finis par m'apaiser et à m'endormir.
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